• Illustrations de conte jeunesse pour la LICRA

Illustrations de conte jeunesse pour la LICRA

Réalisation d’illustrations pour deux contes de la Licra (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme) commandité par la mairie de Roanne et à destination des écoles primaires du roannais

1/

Les deux jumeaux, Alma et Irfan

Quand ça s’est passé ?
Il y a longtemps, ou peut-être juste hier … ça n’a pas d’importance !
Où ça s’est passé ?
Loin, très loin, ou peut-être ici même … ça n’a pas d’importance !
Dans ce village … Tous les gens étaient nés là, leurs parents, grands parents, arrières grands parents aussi … Jamais ils n’avaient quitté leur village.  Ils se connaissaient bien … Ils s’entendaient bien. Et voilà qu’un jour ils ont vu le maire accompagné d’une famille qu’ils n’avaient jamais vue. Ils ont traversé le village jusqu’au stade,  et la famille s’est installée dans la petite maison aux volets jaunes. Il y avait le père, la mère et deux enfants : Alma et Irfan, des jumeaux. Ils ne parlaient pas comme eux, ils ne faisaient pas la même cuisine qu’eux, ils ne s’habillaient pas comme eux.

Le jour de la rentrée des classes est arrivé. Dans la cour de l’école, tous les enfants du village étaient heureux de se retrouver. Mais cette année dans un coin, il y avait en plus : Alma et Irfan. Ces deux là ne parlaient pas français, ils savaient juste quelques mots : bonjour, au revoir, merci… Heureusement, le maître avait un dictionnaire. Ça facilitait la compréhension. Dans la cour, les enfants ne se comprenaient pas. Et Alma et Irfan restaient dans leur coin.

Puis après les vacances de Toussaint, le maître a parlé de la fête de Noél qui aurait lieu le 21 décembre en soirée. Il fallait préparer des chants, une pièce de théâtre, et puis après les cadeaux. Pour la famille d’Alma et d’Irfan, ça ne voulait rien dire, ils n’ont pas voulu que leurs enfants participent à la fête de Noël de l’école. Les autres parents étaient en colère, ils se sont réunis. Puis ils sont allés trouver le maire, qui les a écouté. Ils ont dit : « C’est inadmissible que des enfants ne participent pas à la fête de l’école.  S’ils ne voulent pas s’intégrer, et bien  ils n’ont qu’à s’en aller. Ils seraient mieux en ville. » Le maire était en colère : « Non, je les ai accueilli, je me suis engagé auprès d’eux. Cette famille n’a nulle part où aller. Alors elle restera là ! Et si vous ne connaissez pas la définition du mot « solidarité », vous n’avez qu’à regarder dans le dictionnaire ! » Les villageois ont baissé la tête et sont retournés chez eux. Ils étaient fâchés, non seulement la famille partirait pas, mais en plus le maire voulait leur donner des leçons !

Le matin du 21 décembre, le maître a accueilli les enfants dans la cour : « Je dois aller à la photocopie pour les programmes de ce soir, rentrez en classe, prenez un livre, un jeu, ce que vous voulez, mais dans le calme, comme d’habitude. » Ils sont rentrés en classe. Les jumeaux se sont approchés de leur place. Ils se sont arrêtés. Leur bureau était souillé de boue, leurs livres et leurs cahiers trempés et tachés de terre. C’est Louis, le plus grand de la classe, qui a dit : « Vous êtes sales les jumeaux ! On a pas besoin de crasseux ici ! Quand est-ce que vous allez ficher le camp ? » Les jumeaux n’ont pas tout compris, mais ils ont bien senti au ton agressif, que c’était pas beau à entendre ! Louis a continué : « Hé, les jumeaux ! Vous êtes sourd ? lavez-moi vite votre bureau , puis dégagez ! » Les deux enfants étaient immobiles, incapables de comprendre, incapables de bouger … Ils avaient peur, une peur qui venait du ventre, une peur qui venait de loin, de très loin … On a vu des larmes qui coulaient le long des joues d’Alma. Louis a continué : « Arrête tes larmes, pisseuse ! » Irfan a pris la main de sa soeur et dans un grand silence, ils ont traversé la classe puis ont ouvert la porte et sont partis. Alors Hector le plus jeune de l’école a pris une éponge et un seau. Et dans ce grand silence il a lavé le bureau, a nettoyé les cahiers et livres , et les a posé sur le radiateur pour les faire sécher.  Puis il a traversé la classe, a ouvert la porte et il est parti.

Dans la classe, le brouhaha est revenu. Le maître est arrivé juste à ce moment là : « Mais qu’est-ce qui se passe ? Un peu de calme et de silence , s’il vous plaît ! Mais où sont Alma, Irfan et Hector ? » Silence, pas un mot dans la classe. « Quelqu’un peut-il m’expliquer ce qui s’est passé ? » Silence, pas un mot ! Alors la porte s’est ouverte… On a vu Hector qui donnait la main à Alma d’un coté et à Irfan de l’autre. Puis ils sont allés s’asseoir chacun à leur bureau. Les autres enfants, alors, ont applaudi … Sauf Louis, qui ne savait plus quoi faire. Il avait les mains dans les poches et regardait ses chaussures. Le maître a vu la table humide, les livres et les cahiers qui séchaient, il a commencé à comprendre … Alors lui aussi, il a applaudi ! Puis tout est redevenu silencieux.

En fin d’après midi, les enfants sont rentrés chez eux, ils devaient se préparer pour la fête du soir. Peu de temps après, on a vu Louis, sortir de chez lui, traverser le village, il avait un paquet dans la main. Il est passé au magasin. Puis il est allé près du stade, a frappé à la petite maison aux volets jaunes. Alma et Irfan ont ouvert la porte. Alors Louis leur a donné le paquet : « J’ai acheté des cahiers neufs, avec mes sous, pour vous. Je vous donne mes livres. Moi je prendrai ceux qui sèchent. » Depuis ce jour, Alma et Irfan ne sont plus dans leur coin à la récré. Dans le village , maintenant ils savent ce que veut dire « solidarité »,  et pour ça ils n’ont pas eu besoin de regarder le dictionnaire, et ça, c’est grâce à leurs enfants !

Voilà l’histoire : Dans tes oreilles elle est posée, que dans ton cœur elle demeure !

Recherche de personnages

Mise en place des illustrations

Illustrations finales

 

2/

Rosa et la poule

C’était il y a longtemps… dans un village… Chaque paysan avait son lopin de terre mais pas plus… Ils arrivaient à vivre, ou plutôt à survivre… Sur la place du village vivait une femme, seule, Louise. Elle lavait le linge des gens, des riches, qui voulaient pas s’abîmer les mains mais qui pouvaient payer. Le voisin de Louise, c’était le cordonnier. Sa femme était partie sans laisser d’adresse. Le cordonnier était aigri, coléreux … Il vivait avec son neveu : Benoît. Il lui menait la vie dure.

Et voilà qu’un matin est arrivé un enfant, fille ou gars ? On pouvait pas savoir, tellement il était guenilleux, crasseux, et les cheveux emmêlés. L’enfant s’est assis sur la place, et a tendu la main. Le cordonnier est sorti de chez lui pas content : « Mais d’où tu sors toi ? On veut pas de mendiant, ici ! On donne pas à manger à quelqu’un qu’on connaît pas ! Va t’en ! » Les autres sont sortis de chez eux. L’enfant n’a pas bougé. Alors le cordonnier s’est approché et a craché dans la main du gosse. Louise quand elle a vu ça, elle a pris son mouchoir, a nettoyé la main de l’enfant, et l’a conduit jusque chez elle. Là elle lui a donné un morceau de pain et de fromage. Puis elle l’a lavé, coiffé et habillé… et c’était pas un petit, mais une petite ! Elle avait de beaux yeux sombres, les cheveux noirs et frisés. « Comment tu t’appelles ? – Je m’appelle Rosa. – Où sont tes parents ? – Je suis seule au monde. – Bon, Rosa, tu es la bienvenue chez moi. Je m’appelle Louise. Tu peux rester tout le temps que tu veux ! » Rosa a répondu par un sourire. Ce n’était pas le grand confort chez Louise, mais c’était mieux que dans la forêt !

En ce temps là, les enfants pauvres n’allaient pas à l’école. On pensait qu’ils ne sauraient jamais apprendre à lire et à écrire. Rosa tout de suite, elle a aidé Louise. Elle était débrouillarde, et ne se plaignait ni de la lourdeur des seaux, ni de l’eau glacée du lavoir, ni de la saleté du linge. Le cordonnier lui, il continuait : « Qui c’est cette gamine ? Vous avez vu ses cheveux? Sûr, elle est pas d’ici. Qui sait, si elle va pas nous amener des maladies ? Ou pire encore ? Louise est trop bête, faut savoir se méfier des gens qui viennent d’ailleurs ! ». Le cordonnier, il parlait haut,  il parlait fort. Si bien que les gens le croyaient. Et quand ils voyaient passer Rosa, ils lui jetaient des cailloux… Alors Rosa traînait pas dehors. Et les gens disaient : « C’est sûr, ça veut dire qu’elle a quelque chose à se reprocher ! » Benoît, le neveu du cordonnier, lui, il aimait bien Rosa, il lui donnait une pomme, une poignée de noisettes, une fleur… mais en cachette de son oncle.

Et voilà qu’un matin le cordonnier s’est levé et a vu qu’il y avait une poule en moins dans son poulailler. « Au voleur, au voleur ! ». Il a tout de suit su que c’était cette va-nu-pieds, la voleuse, cette Rosa. Avec son air de pas y toucher, avec ses yeux baissés, elle cachait bien son jeu ! Il a envoyé Benoît à la  rivière, il a attendu que Louise quitte sa maison, attendu qu’elle soit loin, loin. Puis il est entré… Quand Rosa l’a vu, elle a eu peur, très peur. Il a sorti un bâton, et a frappé, frappé, frappé. Elle hurlait ! Les gens du village ont tout entendu, mais aucun n’a bougé. Le cordonnier est parti laissant Rosa en sang, recroquevillée sur le sol en terre battue. Benoît, lui, de la rivière , il a entendu des cris, vite il est revenu. Il a demandé « Qu’est-ce qui s’est passé ? », pas un mot, mais quelqu’un a montré la maison de Louise. Il est entré. « Oh misère, de misère ! Rosa ! Bouge pas, je vais te soigner ! ». Et Benoît , tout doucement, a nettoyé les plaies de Rosa, l’a prise dans ses bras pour la calmer, en lui chantant des berceuses…  C’est comme ça que Louise les a trouvés en rentrant de son travail.

Louise, elle était folle de douleur, elle voulait comprendre. Alors, elle est sortie sur la place, a réuni tout le monde, a accusé le cordonnier d’avoir battu jusqu’au sang une enfant sans défense ! Il a hurlé : « Sans défense, tu rigoles ? Cette sale gamine c’est une voleuse, comme tous les gens de sa race ! Elle raconte qu’elle est orpheline, mais c’est un mensonge, bientôt tout son clan va débarquer pour nous voler et après nous assassiner ! – Arrête tes bêtises , et dis-nous ce qu’elle t’a volé. – Une poule ! – T’es sûr que c’est Rosa la voleuse ? – Sûr et certain, t’as qu’à la regarder, et tu verras qu’elle est sournoise, menteuse, et voleuse, ça se voit comme le nez au milieu de la figure ! » Benoît est sorti précipitamment de la maison de Louise, et a dit : « Mais mon oncle, c’est moi qui ai pris une de nos poules, le châtelain nous en avait commandé une, t’as oublié ? » Le cordonnier quand il a entendu ça, il est parti honteux, en courant… On ne l’a jamais revu… Les gens sont rentrés chez eux, la tête basse.

Et Benoît, qu’est-il devenu ? Louise et Rosa l’ont accueilli… Et ils ont vécu tous les trois, pauvres mais heureux !!!

Recherche de personnages

Mise en place des illustrations

Illustrations finales

Date: Septembre 2018 Client: Mairie de Roanne / La Licra Compétences: Illustration/BD Site Internet: www.licra.org/