Udomsin > Muang Sing
Ce matin nous savons une chose : la journée s’annonce difficile. Nous voulons simplement nous balader en passant par des villages de tribus voisines, et les photos et panneaux décrivant les principes fondamentaux des différentes cultures de l’auberge annonçait une belle journée de dépaysement, promettant des rencontres enrichissantes, et des découvertes aussi mystiques que typiques… Mais restant sur notre crainte d´hier, nous partons surtout avec beaucoup d’appréhension à l´approche des villages des différentes ethnies.
Nous nous préparons psychologiquement, et partons à demi-armées : -avec un opinel bien sûr- mais surtout avec une petite surprise auquelle personne ne peut s’attendre…
Après s’être complètement perdues dans les rizières en empruntant tous les chemins possibles (le plan que l´on nous a gentiment donné n´étant pas d´une précision à toute épreuve), nous finissons par repasser par le village d’hier. Les enfants sont à l´école, ils nous aperçoivent mais ne peuvent venir à notre rencontre… Nous poursuivons notre route, mais les chemins de terre se séparent encore et encore, les collines poussent de tous les côtés, les rizières se ressemblent, aucun panneau, aucune indication, et aucun signe de vie. La carte ne daigne pas nous aider… Parfois il nous est arrivé de voir des mobylettes garées sur le côté du chemin ou des « tuktuk agricoles » mais on ne voyait personne. Nous avons fini par nous demander si la forêt mystique n’allait pas, comme les locaux, nous faire disparaitre. Mais nous préférions perdre une journée dans la forêt mystique que de nous géolocaliser avec internet car ça nous aurait couté une semaine de séjour ici…!
Au bout d’une heure de marche en montée sur un chemin bien tracé et bien emprunté (traces de pneus et de sabots de buffles) nous abandonnons l’idée qu’il débouche quelque part. Ici, certains chemins semblent ne mener nulle part…. ou peut-être bien plus loin jusqu’en Chine (nous ne sommes qu’à quelques kilomètres de la frontière). Nos efforts n’ont pas été complètement vains, car même si nous n’avons croisé que deux où trois personnes -dont une qui nous a tout de suite quémander de l’argent pour s’acheter des vêtements et une autre avec un fusil de deux fois la taille standard- les panoramas étaient à couper le souffle. A cette altitude, le vent faisait danser les épis de riz, chanter les feuilles des arbres, et nous caressait doucement pour nous rafraîchir et nous apaiser un peu, dans cet inconnu mystique et anormalement désertique…
Les villages (car nous avons finalement rebroussé chemin et trouver des fameux villages « Akha » et « Yao ») se ressemblent beaucoup avec leurs petites maisons en bois couvertes de poussière, et ne respirent rien de traditionnel… Les vêtements occidentaux recouvrent les lignes à linge, on trouve de la bière et des jeunes en pleine partie de cartes ou de billard. Les chiens aboient, les cochons couinent, les poules pataugent dans les déchets, les bébés pleurent, les enfants se disputent dans la cour d’école, les femmes qui sont là s’occupent des enfants, les pères sont absents, les mamies veulent nous vendre des objets fait main et de l’opium… Les quelques signes mystiques sont laissés à l’abandon tels des vieilleries auxquelles on ne peut toucher. Les deux portes d’entrées « ancestrales » que l’on a vues ne semblent plus empruntées.
Les gens ne sont pas plus souriants que surpris, même lorsqu´ils nous voient arriver par l’arrière du village, en passant par la rivière ou la décharge… Ils ne sont pas méfiants non plus, nous semblons être des « donneurs ambulants ». Malgré ce ton désabusé, nous avons sur le coup su restées souriantes, et avons réussi à chanter quelques chansons avec des enfants quand ils se sont mis à nous prendre par la main pour marcher avec nous. Même s´il s´en suivait toujours de nouvelles supplications. Nous avons donc sorti notre arme secrète… Acheté à Bangkok, un grand grand rouleau de papier kraft sur lequel nous demandons aux gens de se dessiner, eux-mêmes. Le but ? Seulement de réaliser un projet commun, d´obtenir un objet beau et unique, qui rassemble toutes les populations croisées lors de ce voyage.
Nous avons donc déroulé « La Fresque », à même le sol, et sorti les trois feutres sélectionnés tôt ce matin pour que les enfants puissent s’exprimer, dessiner… Concept qui n’a absolument pas fonctionné les deux fois où nous l´avons tenté, bien que nous ayons passé du temps à leur montrer les dessins d´autres enfants, et à réaliser un dessin pour leur donner un exemple. Mais ils semblaient avoir peur de dessiner. Les deux rares meneurs ont pris un stylo dans les mains, ont fait un trait maladroit sur le papier avant de jeter le stylo en rigolant. Bon, et bien ce n’était pas faute d’avoir tenté, et alors pourquoi leur donner des stylos s´ils ne veulent pas dessiner, ou même écrire? Nous aurons au moins essayé de leur montrer autre chose… Notre départ du village s’est malheureusment soldé par un jet de pierre d’un des gamins semblant nous injurier.
Ce soir, après 6h de marche, un changement d’hébergement, lavées à l’eau froide et à demie nourries, nous nous endormons dans un lit avec des draps blancs, que nous partageons avec une bonne poignée de petites fourmis. Il pleut fort sur la tôle ondulée…
https://www.google.la/maps/place/Muang+Sing/@21.1879115,101.1481619,14z/data=!3m1!4b1!4m6!1m3!3m2!1s0x312bcb8b5aaf3651:0xb56a37b9c9b3fd4a!2sUdomsin+Hotel!3m1!1s0x312a460f644c2735:0x61511255e473abcb
PS : Thank you Dav to share this friendly dinner with us, we’ll don’t forget to offer a beer to the next Canadian guy we’ll see ;)
Nos bons plans
Où manger ? Correct et pas très cher mais surtout si vous souhaitez le Wifi : Phou Lu 2 Guesthouse.
Où dormir ? Sing Cha Lern Hotel, Muang Sing. Chambres propres pour 60 000 LAK.
Dépenses du jour pour deux
Transport (tuktuk) : 40 000 LAK soit 4€ | Nourriture (restaurant soir + boissons journée) : 70 000 LAK soit 7€ | Hébergement (une chambre pour deux/eau chaude) : 60 000 LAK soit 6€
Total du jour pour deux = 17€ (8€50 /pers.)